Où sont les enfants ?

A partir du poème de Catherine Leblanc Où sont les enfants ?  Quelques vers écrits par les élèves de 6ème.

L’intégralité des textes sera lisible le mardi 18 décembre à l’école Henri Matisse de Bonnemain, en attendant :

Les enfants sont dans le brouillon de leur rêve.
Les enfants sont dans les dunes de sable où ils se sentent seuls.
Les enfants sont dans l’innocence, l’innocence de leur mensonge.
Les enfants sont dans le sable, celui qui défile avec le temps.

Où sont les enfants ?

Les enfants sont dans l’art. L’art de vivre et de mourir.
Les enfants sont dans nos yeux.
Les enfants sont dans une poésie où ils cherchent une porte à ouvrir.
Les enfants sont partout.
Les enfants sont perdus.
Les enfants rêvent.
Les enfants …
et toi tu es où ?

Le bordel a été bien rangé

Lecture a été donnée à Bonnemain de Mon bordel ne dure que 40 minutes. Nous étions une belle cinquantaine : enfants, parents, enseignants, encadrants et quelques passants et passantes.  J’ai lu / déballé / rangé mon bazar fait de carnets, de photos, de boulettes de papier, de peinturlures (oui  le mot existe). Il y a eu de la poésie, des patates, une valse des papa-maman, les taches de rousseur de Fifi Brindacier, la punk attitude de Nina Hagen, les écrits des enfants, des rires et de la pâte à fixe qui fixe ou pas … J’étais contente de donner à entendre mes textes et aussi ceux des élèves de  l’école primaire et du collège. Le faire ensemble m’a toujours plu. Motivée. Il y a eu de la soupe préparée par … des gens qui savent préparer de la soupe … Et c’était bon.

 

Des mots couchés

Classe de 6ème et certains me demandent s’ils peuvent écrire couchés ? Pourquoi pas, moi-même je me mets parfois dans de drôles de positions pour écrire. Alors je dis  oui. Et ça marche … Ils et elles écrivent assis, couchés, debout …

Extrait que du texte collectif écrit le premier jour :

Il vient de la génération internet où ne pas avoir de téléphone est mal vu.
Il vient d’une forêt avec le vent qui soulève les feuilles d’automne.

Elle vient de l’école, de l’amitié et du plaisir d’apprendre.
Elle vient de la France, de l’écriture, des lettres et des phrases qui s’entremêlent.

Il vient d’une tristesse inconditionnelle.
Il vient du dessin et du crayon qui l’ont toujours aidé.
Il vient de souvenirs qui l’ont apaisé.

Elle vient du plaisir de fouiller, de regarder, de toucher et découvrir des choses qu’elle ne connaît pas.

Il vient du besoin d’échapper à l’enfer que la planète vit tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes.
Il vient des bonnes notes qui lui apportent la joie et des injustices qui lui font détester l’école.

Il vient d’un terrain de foot, de n’importe quel terrain de foot.
Il vient du dessin qui lui permet d’arrêter de penser que la planète souffre.

Il vient de la beauté d’un paysage.
Elle vient de la peur du grand bleu.
Elle vient d’une graine.

Ils et elles viennent de ces pages écrites ensemble …

Le passage au collège

Bientôt les enfants du CM2 de l’école publique de Bonnemain vont rencontrer les enfants du collège de Combourg. En attendant j’ai animé mon premier atelier avec une classe de 6ème étonnante de curiosité. Quelques extraits du texte collectif écrit après cette première séance :
Elles et Ils viennent de Lanrigan, de Dinan, de Combourg, de Rennes, de St Malo, de la Picardie, de Paris, du Louvre, de Disney land et de l’Espagne.

Il vient d’une ville dont il ne sait quoi dire de plus.

Elle vient de Saint Grégoire et du centre d’équitation de Tinténiac.
Elle vient d’un cheval qui se nommait Victoire.

Il vient d’un frère et d’une sœur qui sont toujours là pour lui.

Il vient du violoncelle un instrument si grand, si immense, si grave, si dur à apprivoiser.
Elle vient de deux parents merveilleux qui s’aimaient fort et qui se sont séparés.

Elle vient de sa chambre ou du fond du jardin où elle se sent si bien.
Il vient du plongeon et de la glisse.
Elle vient de seize déménagements.

Il vient … de rien … Il ne sait pas … Quand il est seul, il se demande toujours d’où il vient.
Il aime être seul.

(…)

Elle vient de l’école, de l’amitié et du plaisir d’apprendre.
Elle vient de la France, de l’écriture, des lettres et des phrases qui s’entremêlent.

Il vient d’une tristesse inconditionnelle.
Il vient du dessin et du crayon qui l’ont toujours aidé.
Il vient de souvenirs qui l’ont apaisé.

Elle vient du plaisir de fouiller, de regarder, de toucher et découvrir des choses qu’elle ne connaît pas.

Il vient du besoin d’échapper à l’enfer que la planète vit tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes.
Il vient de coups de crayons qui forment une image.
Il vient des bonnes notes qui lui apportent la joie et des injustices qui lui font détester l’école.

Il vient d’un terrain de foot, de n’importe quel terrain de foot.
Il vient du dessin qui lui permet d’arrêter de penser que la planète souffre.

Il vient de la beauté d’un paysage.
Elle vient de la peur du grand bleu.
Elle vient d’une graine.

Ils et elles viennent de ces pages écrites ensemble …

Classe de 6ème E Collège Chateaubriand Combourg, professeure Claire Guilberg

 

L’angoisse de l’écrivaine avant l’atelier d’écriture

J’anime des ateliers d’écriture depuis plus de dix ans. Ma façon de faire évolue selon mes lectures, le projet, le nombre d’heures, le nombre d’élèves, l’enseignant et aussi mon humeur, mais toujours je doute. Fortement. Avec une envie de fuir (la veille, heureusement rarement le jour même). De faire autre chose. D’attraper une grippe carabinée. La nuit dernière fut ainsi agitée. Me suis levée dix fois. Raturé un texte, sorti un livre. Enregistré une impro au téléphone : J’ai pas d’idées. Le doute. Pourtant j’avais tout préparé. Et j’ai vécu très peu de galères ou de gros ratages en atelier.  Il m’est arrivée d’avoir une vraie fatigue, mais le doute c’est autre chose. La trouille. La peur. Le trac. Souvent quand je ressens ce doute, la séance qui suit, fonctionne bien. Et ce fut le cas ce matin et je suis rentrée, joyeuse, légère et motivée à mon gite. Le ciel était généreux en camaïeu de gris. Oui le gris est une belle couleur. Il est des artistes qui après 20 ans de carrière et malgré le succès, ont encore besoin d’être poussés sur scène. Tétanisés par le trac. Une classe est une sacré scène et les enfants sont un public qui ne sait pas mentir. Pas encore.

Le silence de la cour

5 – Une école. Le silence d’une cour d’école … presque étrange. Le silence raconte surtout l’absence des enfants, l’absence des cris, des rires et aussi des pleurs.
Bientôt je vais rencontrer les enfants, les enseignants … j’ai un peu le trac alors je profite de ce moment pour vérifier mes affaires, nettoyer mes lunettes, passer ma main dans mes cheveux rebelles, revérifier encore que mon téléphone est bien éteint …
Petite, le premier jour d’école en maternelle, j’ai pleuré et pleuré et pleuré. Personne ne m’avait expliqué où j’étais. Parfois on oublie de dire l’essentiel à un enfant. Parfois…

S’inscrire dans le paysage

S’installer dans une commune qu’on ne connait pas. Une petite commune avec son église, sa mairie, son épicerie et sa boulangerie. Et ses deux bars dont une avec terrasse : L’ami du temps.
Dans Bonnemain marcher, observer, saluer, parler de la pluie et du beau temps. Surtout du beau temps qui est sécheresse pour les agriculteurs et agricultrices d’ici. Et se prendre en photo et découvrir la petite fille qui regarde curieuse. Bientôt les ateliers avec les enfants de l’école primaire. Bientôt. Avec toujours ce pari fou d’engager des enfants dans une écriture poétique qui ne soit pas de la ritournelle … Douter comme toujours…. Demain.

Arriver

Attendre

La plupart des résidences commence sur un quai de gare. Au moment du départ. La valise est là, toujours trop lourde. On espère n’avoir rien oublié. On a hâte d’être dans le train. A la bonne place. Se poser. lire, écrire, regarder le paysage puis s’endormir même si on s’était promis que cette fois-ci, on resterait éveillée tout le trajet. Et puis zut, c’est si bon de dormir. Espérer qu’il n’y aura pas de retard, qu’on attrapera sa correspondance. Que la valise ne sera pas trop lourde à monter, à descendre, à trimballer … A Paris, le temps de changer de gare, voir à travers la vitre la tour Eiffel. D’un joli brun mat ce jour-là. Aimer toujours autant ce tricotage de ferraille, sans utilité précise et pourtant si nécessaire. Prendre un deuxième train, puis un troisième. A Combourg attendre celle qui vous emmènera au gite, au village de Bonnemain. On est ailleurs. Bretagne romantique, deux mots accolés qui intriguent. Je suis là. Arrivée.