Au moment de partir, faisons des vers pour rire

Partout trône à Combourg le grand Chateaubriand :
Son nom pour l’opticien, l’agent immobilier,
Encore le ciné et d’autres commerçants,
La ville, pas ingrate, aime François-René.

Mais pour quelles raisons Simone de Beauvoir
Et Françoise Sagan ont-elles rue, allée ?
Ces autrices, pourquoi ? Nous aimerions savoir ;
Oui, pourquoi à Combourg ? Y sont-elles allées ?

Alphonse est oublié, le « de Châteaubriant ».
Il faut dire qu’au temps de notre Occupation
Il s’allia aux nazis, ce traître peu brillant :
Avec son homonyme, aucune confusion !

Et peut-être Zemmour préfère-t-il Alphonse
Alors que c’est du bon qu’il a reçu le prix ;
Sa venue à Combourg fut un coup de semonce :
Cet extrémiste Éric n’y aura plus d’amis.

La rime infortunée Zemmour avec Combourg
N’est certes pas flatteuse, aussi négligeons-la :
Négligeons-le itou, ce pamphlétaire lourd
En espérant, bien sûr, qu’il ne revienne pas.

Restent deux Théophile, ensemble, père et fils,
Pour la grande avenue, le long du cimetière,
Ces Gautier honorés, comme numéros bis,
Avec de Lamennais, Félicité-Robert.

Dame de Sévigné et dame George Sand,
Avec Renan, Hugo, elles ferment le ban
Des écrivains dont ce bourg lettré recommande
Qu’on ne les oublie pas, qu’on les lise longtemps.

Zut ! moi, j’ai oublié Théodore Botrel,
Fameux chanteur, père de La … ? La Paimpolaise !
Mais revenons à ce si célèbre immortel
Qui a encore ici place et rue (n’en déplaise…

Aux sans-culottes allergiques au sang bleu),
Par dessus le marché un lycée, un collège,
Une statue, une sculpture, jarnibleu !
Et une peinture, murale, de tons beiges.

Combourg, commune de Bretagne romantique
Ainsi le magasin de lingerie l’est-il
Et même un restaurant avec un nom en –tic
Là où la rue descend vers le fier « lac tranquille ».

Ce mot impressionnant qu’est le mot résidence !
Pour nommer le cadeau qu’on offre à un auteur,
Laissant croire qu’on sert une grande éminence
Alors que lui se sent, souvent, un imposteur…

« Maintenant je m’en vais » dit le poet-poet errant.
« Trois mois ici, c’est peu, et trois mois c’est beaucoup,
J’ai aimé rencontrer élèves, enseignants,
Des artistes aux champ’s, des gens un peu partout ».

Et je fus bien au chaud dans mon airbiandbi
Aux bons soins de madame et monsieur Ar’color
Chez qui fut imprimée, qu’on leur dise merci,
L’œuvre d’enfants studieux, laquelle les honore.

Je salue pour finir un coiffeur, un libraire,
Gens de bibliothèque et puis des comédiens,
Des parents, qui encore ? Ah ! oui, deux charcutières,
Veuillez me pardonner si j’ai zappé quelqu’un.

Les Sources, c’est le nom de cette médiathèque,
Dont on craindrait en vain que son fonds soit trop plein,
Mais non, lisons Molière et relisons Sénèque ;
L’esprit déborde ? non ! de trop-plein il n’a point.

Oui j’ai zappé au moins cet informaticien,
Dépanneur plein d’astuce, opiniâtre et habile
Qui, car un WiFi mou je ne captais pas bien,
M’installa une clef, salutaire ustensile.

Snif ! je laisse à Combourg un morceau de mon cœur ;
La formule est naïve, or le fait est certain
Car pourquoi tairions-nous de nos vies les bonheurs ?
Janis Joplin l’a dit et l’a chanté fort bien.

À d’autres nostalgies j’ajoute donc Combourg,
Dont j’ai aimé la vie et où j’ai aimé vivre ;
Regret de ses cafés – j’y lisais chaque jour
Car ma vie ne saurait se passer loin des livres.

Je viens de m’amuser à alexandriner,
Pour évoquer en vers certaine résidence,
Ce jeu dont nous rions parce qu’il est désuet ;
Racine ne suis point, je n’en ai point l’aisance.

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